Difficultés de se faire parrainer : Les politiques seraient désavoués par les populations
L’examen des dossiers de parrainage en cours révèle des surprises qui méritent que l’on s’y attarde davantage. Il ressort en effet des résultats déjà rendus publics que les leaders politiques ont de plus en plus des difficultés à se faire parrainer. Et pendant ce temps, des candidats sortis de nulle part, que personne ne connaissait auparavant dans le landerneau politique, ont passés l’étape décisive du parrainage avec une certaine aisance. A ce propos, la candidate Anta Babacar Ngom ne cesse de surprendre.
Novice en politique, elle est parvenue, en tant que femme, à réussir avec brio le parrainage citoyen. On a vu sa détermination à faire le tour du Sénégal et à travailler d’arrache-pied à convaincre le maximum de sénégalais. L’autre surprise a été le Professeur Daouda Ndiaye qui, n’aurait jamais fait de politique et qui a lui aussi réussi. Il en est ainsi d’hommes qui, même s’ils ont mené quelques activités politiques, ne sont pas si populaires que ceux qui sont actuellement recalés ou qui sont astreints à corriger leurs dossiers avec de nouveaux parrains parce qu’on leur reproche de nombreux doublons externes. Il s’agit de Boubacar Camara, de Cheikh Tidiane Dièye et autres même si leurs dossiers ont été examinés en premier.
En effet, en dehors du cas de Idrissa Seck, d’autres leaders politiques de renom sont aujourd’hui en sursis : Abdourahmane Diouf, Boun Abdallah Dione, Aly Ngouye Ndiaye, Aminata Touré, Abdoul Mbaye, Bassirou Diomaye Faye, Pape Djibril Fall, Talla Sylla, etc. Tous ces politiques et bien d’autres sont dans une phase critique de rattrapage qui peut étonner là où certains novices en politique ont réussi. Il se trouve d’ailleurs que de fortes coalitions comme celle de la majorité Benno bokk yakaar et Taxawu Sénégal ont dû choisir la voie plus sûre du parrainage des députés ou des élus. C’est dire à quel point les politiques redoutent le parrainage citoyen qui est ainsi risqué pour tout le monde.
Bien sûr, on peut indexer un problème de popularité ou de désamour des populations envers les politiques. Car, manifestement, beaucoup ne convainquent plus au point d’ailleurs que certains sont pour le moment recalés alors qu’ils sont bien connus du landerneau. De plus en plus, les politiques ont du mal à convaincre les sénégalais. Ces derniers, désappointés et sinon trahis du moins déçus par ces derniers, ne croient en général plus à leurs promesses et à leur crédibilité. Ce phénomène qui ne date pas d’aujourd’hui, a été accentué par les évènements de ces derniers mois avec des violences où le pays a perdu beaucoup de ses fils avec des dégâts matériels importants sans oublier les emprisonnements. Et tout ceci parce que ceux qui sont au pouvoir veulent y rester et ceux qui souhaitent être élus n’y mettent plus les formes et sont particulièrement impatients. A cela s’ajoute la politique-business en vogue.
De plus en plus, la politique est perçue comme un moyen facile de gagner sa vie, une échelle d’ascension sociale. L’autre paramètre qui pourrait expliquer cette contre-performance des politiques, ce sont les problèmes techniques liés à la gestion minutieuse des doublons aussi bien internes qu’externes. Si les équipes engagées ne font pas preuve d’assez de rigueur et de maîtrise des statistiques et de l’informatique, des erreurs fatales pourront être constatées.
Et si elles se reproduisent à grande échelle, bonjour les dégâts. En clair, il ne suffit plus d’avoir de l’expérience et un appareil politique (parti ou mouvement) pour être élu. Comme quoi, un illustre inconnu pourrait, un jour, être président de la République du Sénégal.
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