Thiès – Projet de renouvellement du corridor : Les inquiétudes des cheminots
La célébration de la Journée du 1er mai, un moment historique pour les travailleurs du monde entier, a été question, cette année, pour les cheminots, réunis en intersyndicale, de faire le bilan des réalisations, mais aussi de dégager les perspectives du secteur.
Par Cheikh CAMARA – «Des points importants ont été posés dans le cadre du perpétuel dialogue entre patronat et organisation syndicale», précise le porte-parole du jour des travailleurs du rail, Babacar Gaye. Il rappelle : «Le 1er mai 2023, nous étions ici, avec un protocole qui comportait plusieurs revendications : reversement du personnel de Dbf aux Cfs, régularisation des Cdd, prise en charge médicale, postes vacants, prestations familiales, informations sur la gestion foncière, révision de certaines primes et indemnités, déplafonnement des heures supplémentaires.»
Aujourd’hui, il est heureux de constater des avancées notables : «Nous en sommes à la satisfaction de tous les points, excepté les allocations familiales, liées au passif.» Pour les cheminots, ce fut un long chemin qui a provoqué le démantèlement du chemin de fer avant désormais le début du retour à la normale. «Le secteur ferroviaire a traversé beaucoup de phases de 2000 à maintenant, avec des changements structurels. D’une privatisation intégrale sous Transrail Sa, on revient à une nationalisation du patrimoine avec les Chemins de fer du Sénégal, en passant par une transition Dakar-Bamako ferroviaire», note le porte-parole des travailleurs du rail.
Ces mutations, dit-il, «n’ont souvent pas été bien comprises ou maîtrisées par les Sénégalais, et même certains cheminots. Et pourtant, la plus récente, qui est la structuration de 2020, s’est faite avec une implication de tous les acteurs ferroviaires et autres entités du pays». Ainsi, remarque Babacar Gaye, «il nous revient de faire des explications et rappels, clairs et réguliers, pour permettre à toutes les composantes de s’approprier ce model ficelé pour la gestion du corridor. Il faut se souvenir que la Sncs et la Rcfm étaient privatisées, avec les problèmes que commençait à subir le réseau et des contraintes aussi que les bailleurs comme les institutions financières posaient aux Etats, provoquant le plan social de 1997 et celui de 2003». Malheureusement, s’offusque-t-il, «cette privatisation a causé pas mal d’inquiétudes, avec un manque d’investissement total conduisant au vieillissement de l’infrastructure et à la dégradation du matériel, sans oublier un passif social lourd, avec le non-reversement des cotisations sociales et associatives».
Selon les travailleurs du rail, «on est arrivés à mettre fin à cette concession en mars 2016, pour faire une transition sous Dbf qui devait gérer la continuité de l’activité par le ré-confortement de la voie à hauteur d’1 milliard 500 millions F Cfa, l’achat de pièces de rechange pour les locomotives à 2 milliards 500 millions F Cfa et une couverture salariale sur une période 6 mois à 3 milliards F Cfa».
Finalement, ils constatent qu’«aucun de ces engagements en termes d’investissement n’a été respecté». Ce qui, disent-ils, «nous maintient dans une dépendance du budget de l’Etat».
En 2020, se rappellent-ils, l’avancement des discussions entre le Sénégal, le Mali et la Banque mondiale conduit à l’abrogation de Dbf, avant qu’il ne soit lancé un nouveau cadre institutionnel. L’accord d’investissement de la Bm exigeait certains points à remplir par les deux Etats, à savoir «la fin des activités de la phase transitoire, la création de sociétés de patrimoine, qui seront désignées comme maître d’ouvrage dans le projet de réhabilitation de la ligne Dakar-Bamako, la prise en charge du personnel de Dbf dans les nouvelles sociétés de patrimoine ferroviaire (Cfset, Sopafer), le règlement du passif social issu de toutes les gestions du chemin de fer, l’appel d’offres pour le futur exploitant qui devait avoir un intérêt durable sur le secteur». Les cheminots disent constater toujours que, «depuis la mise en place de ces sociétés, le projet de renouvellement du corridor tarde toujours à décoller. Sur la première gestion de Cfs de janvier 2020 à octobre 2022, aucun entretien n’a été fait sur l’infrastructure, sur le matériel, un abandon total, causant un bilan désastreux. Une voie ferrée ensablée, vandalisée, des ouvrages emportés, des gares délabrées, tel était le décor».
L’espoir, poursuivent-ils, «renait avec le lancement des travaux de la réhabilitation de l’axe Sébikhotane-Tambacounda phase1, qui a permis une remise en état de l’existant, avec une liaison assurée maintenant de Dakar à Tamba, des gares comme Thiès, Touba, Tambacounda, Koungheul, Mbacké Ndoulo complètement reprises et réhabilitées. L’engagement et l’expertise, montrés en une année de travaux avec des réalisations concrètes, nous donnent assurance et motivation sur les ambitions qui restent encore grandes».
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