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Enseignement supérieur – Stabilisation du calendrier universitaire : Le combat du Mesri

Enseignement supérieur – Stabilisation du calendrier universitaire : Le combat du Mesri

Le nouveau ministre de l’Enseignement supérieur fait tout pour essayer de remettre de l’ordre dans le calendrier : que le premier lundi du mois d’octobre soit le début de l’année universitaire et que le dernier vendredi du mois de juillet en marque la fin. C’est une longue bataille après la déstructuration des enseignements au niveau des universités publiques où les années se chevauchent.

Par Justin GOMIS – La stabilisation du calendrier universitaire, un vœu pieux pour le Peuple sénégalais, plus particulièrement pour les étudiants, les enseignants et le personnel administratif. Elle tient à cœur les nouvelles autorités qui veulent stabiliser de manière définitive l’année académique. «Ce qui se passe aujourd’hui dans le public est inadmissible. Il n’y a pas de sous-secteur. Il est difficile de savoir quand est-ce que l’université s’ouvre et quand elle ferme», s’est plaint Mohamed Ndiaye, membre du Cabinet du ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, chargé de la supervision de l’enseignement supérieur privé. «Vous savez qu’aujourd’hui il y a un chevauchement des années qui impacte à la fois les finances de l’Etat et le cursus scolaire. L’autre chose est que nous avons opté de mettre le système Lmd dans le cadre de nos universités publiques et privées, mais le constat est que le chevauchement des années est tel que l’étudiant qui veut poursuivre ses études à l’extérieur a souvent l’habitude de reprendre les années sans vraiment le faire. C’est à cause de ce manque de stabilisation de l’année qu’on rencontre ces problèmes aujourd’hui. C’est pour discuter de l’ensemble de ces difficultés que nous rencontrons dans le cadre de l’enseignement supérieur que nous participons à cette rencontre», a-t-il remarqué.

D’après lui, «cela impacte le quantum horaire et même la santé des enseignants et des enseignés, le personnel administratif et même l’environnement». Le constat, poursuit-il, «est que l’université ne ferme jamais». Ce qui l’amène à dire «qu’il y a beaucoup de choses qui doivent être revues aussi bien dans le public que dans le privé». Cependant, il reste convaincu que la «solution à cette équation peut être le privé». Pour le professeur Cheikh Séne, enseignant-chercheur à la Faculté des sciences et techniques de l’Ucad, cette situation est à mettre dans un contexte de surpeuplement des établissements d’enseignement supérieur. Une situation qui, selon lui, «a créé une grande instabilité dans ce secteur et qui fait qu’aujourd’hui il y a un dérèglement du calendrier académique». Mais avec l’arrivée des nouvelles autorités, l’espoir est permis de voir le calendrier académique stabilisé. «Ce séminaire intervient aussi dans un contexte où de nouvelles autorités sont à la tête de ce pays. Un contexte où nous avons beaucoup d’espoir en ce qui nous concerne, nous qui sommes de l’enseignement supérieur. Le ministre de l’Enseignement supérieur, dès son installation, a montré à tous les acteurs du secteur sa volonté de prendre en main les difficultés de l’enseignement supérieur de manière générale et en particulier de trouver une solution au dérèglement du calendrier académique», s’est réjoui le directeur de l’Ensei­gnement supérieur privé.

A en croire le Pr Cheikh Seck, le ministre de l’Enseignement supérieur a apporté beaucoup d’innovation dans la démarche. «D’abord en essayant d’aller vers tous les acteurs. Il est en train de faire le tour de toutes les universités, après avoir visité les bureaux du ministère de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation. Il aurait souhaité, si le temps le lui permettait, faire le tour de tous les établissements d’enseignement supérieur», a-t-il informé lors du séminaire des acteurs de l’enseignement supérieur privé. «Avec le nombre qu’il y a dans le répertoire du ministère de la Recherche et de l’innovation, nous en sommes à 267, c’est difficile pour lui d’aller communier avec chaque établissement privé. C’est la raison pour laquelle il m’a instruit d’inviter les responsables des établissements privés d’enseignement supérieur à venir le rencontrer et à discuter avec lui. Cela a été fait. Nous avons eu une très belle rencontre au cours de laquelle nous avons passé en revue l’ensemble des difficultés. Il a convié les établissements privés d’enseignement supérieur au séminaire de trois jours consacré à la résolution du dérèglement du calendrier académique. Tous les responsables de l’enseignement supérieur sont conviés. Au cours de ce séminaire, il va y avoir un atelier dédié exclusivement à l’enseignement supérieur privé», a-t-il ajouté.

Dans le même sillage, il souligne qu’il avait demandé aux acteurs de l’enseignement supérieur privé de tenir ce séminaire en vue de produire un document qui sera versé aux discussions lors du séminaire national où tous les acteurs de l’enseignement supérieur seront représentés et qui se tiendra du 31 mai au 2 juin au Lamentin Beach à Saly, pour réfléchir ensemble afin de stabiliser l’enseignement supérieur privé et l’année académique.

D’après l’universitaire, le ministre souhaite qu’à partir de cette année, le calendrier académique redevienne normal. «Que chaque premier lundi du mois d’octobre l’année universitaire puisse démarrer et que le dernier vendredi du mois de juillet on puisse fermer», a-t-il dit. Et en plus, «le ministre souhaite, dès la rentrée, reprendre le programme de placement des bacheliers. Il a insisté sur le fait de réfléchir, au cours du séminaire, sur cette question pour lui faire des propositions», a-t-il poursuivi, tout en souhaitant avoir de manière inclusive les contributions de tout le monde. Car, pour lui, «si on y parvient, ce sera un bien pour toute la communauté de l’enseignement supérieur».

Enseignement supérieur privé : Les attentes du Cudopes
Dr Jean-Marie Séne,  coordonnateur du Cudopes (Cadre unitaire des organisations d’enseignement supérieur privé du Sénégal), est à l’écoute du ministre de l’Ensei­gnement supérieur, de la recherche et de l’innovation pour améliorer le cadre existant. Il dit : «Le Mesri nous a demandé de produire un document programme afin de pouvoir l’intégrer aux stratégies qu’ils sont en train de mettre en place pour trouver des solutions aux problèmes de l’enseignement supérieur de manière générale au Sénégal.» Au regard des difficultés notées dans l’enseignement supérieur au Sénégal, cet atelier va permettre au privé de proposer des solutions au gouvernement afin qu’il puisse les intégrer dans le cadre d’un programme général. En outre, les acteurs de l’enseignement supérieur privé ont manifesté leur intérêt d’accueillir dans leurs établissements de nouveaux bacheliers. «Nous sommes prêts à accueillir les étudiants. Nous avons commencé à travailler sur la qualité et les infrastructures. Nous avons tiré des leçons de la première expérience. Nous savons ce que nous devons faire pour éviter certaines difficultés», a promis Dr Jean-Marie Sène.
D’ailleurs, «le ministère de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, dès sa prise de fonction, a décidé de rencontrer tous les acteurs pour réfléchir ensemble sur les modalités par lesquelles on pourrait assurer une orientation des bacheliers sur la base de leur choix», a rappelé Mohamed Ndiaye, membre du Cabinet du Mesri, en charge de la supervision de l’enseignement supérieur privé.

Selon lui, l’élève qui vient d’avoir le Bac doit disposer d’une palette de choix. «Il peut choisir d’aller dans le public ou d’aller dans le privé», a-t-il indiqué. Mais, «le constat et que le plus souvent l’orientation qui se fait au niveau du privé est une orientation qui vient après le public. Si nous voulons aujourd’hui relever le défi de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, il ne faudrait pas faire la distinction entre le public et le privé. Il faudrait miser sur la qualité, l’innovation et la liberté», a-t-il suggéré. Pour lui, la finalité, «c’est d’avoir au même titre des établissements privés et publics qui jouent les mêmes rôles, d’où l’intérêt de combler le gap de l’enseignement supérieur public». «Ce n’est pas parce que vous avez mis en place un établissement privé d’enseignement supérieur que vous allez vous limiter à cela. Il y a un ensemble de procédures qu’il faudra poursuivre pour pouvoir être reconnu au niveau de la base de données du Mesri. C’est d’autant plus important aujourd’hui car l’objectif du Mesri, c’est de faire en sorte que le privé et le public puissent être au même niveau en matière d’orientation. Et pour ce faire, il va falloir miser sur la qualité. Cette procédure d’habilitation institutionnelle est une procédure qui mise sur la qualité. Mais aussi il faut faire en sorte que le privé  puisse, au même titre que le public, demander à accueillir des étudiants qui ont eu le Bac, et ne pas les considérer comme des gens qui n’ont pas été orientés dans le public», a-t-il soutenu.

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